I stopped teaching Machiavelli's (1469–1527) The
Prince in my Humanities courses a certain number of years ago. The
Prince is traditionally included in all Humanities curricula and
academic readers, just as it has been included in the collection of Great
Books of the Western World (Vol. 23) since the inception of that
series in 1952. The problem? For the most part, Machiavelli's The Prince is presented in
Humanities and Political Theory readers literally and uncritically, as
representative of a proto-form of realpolitik. It should not surprise
us, then, when this text is taught in our university classrooms, that it is
simply presented at face value. But this is, precisely, the problem! Because
the true 'face' of Machiavelli's The Prince is hidden; and
when we teachers present the 'mask' as the true face, we are essentially
handing our students a textbook study of fascism and the fascist attitude
uncritically, as representative of the human 'way of things'. And they will of
course, in turn, 'go out and do likewise.'
And yet The Prince simply
cannot be a true, face-value 'political' treatise; because when it is
interpreted in this common and naive way, it goes against the entire tenor of
Machiavelli's life and all of his other writings. Therefore, any reading
of The Prince requires from all its interpreters, both the
student reader and the teacher of this text, much more real knowledge of
Machiavelli's thought world, and therefore much more complexity and nuance.
After all, why should teachers of Humanities continue to teach a fascist text
in the context of Western universities, unless of course we are interested in
teaching fascism to our students?! Unless, that is, we have been interpreting
Machiavelli too simplistically... too lazily... Incorrectly. And yet already as
early as the Enlightenment, the French philosopher Denis Diderot (1713–1784),
relying in turn on the English philosopher Francis Bacon (1561-1626), in
the History of Philosophy section of
his famous Encyclopedia, indicated for us a truer and more
meaningful interpretive tradition, providing posterity with the interpretative
clue for rightly understanding this 'hidden' text. Now, go and do likewise.
MACHIAVELISME, (Hist. de la Philos.) [Histoire de la philosophie] Diderot2
MACHIAVELISME, s. m. (Hist. de la Philos.) espece de politique détestable qu'on peut rendre en deux mots, par l'art de tyranniser, dont Machiavel le florentin a répandu les principes dans ses ouvrages.
Machiavel fut un homme d'un génie profond & d'une érudition très - variée. Il sut les langues anciennes & modernes. Il posséda l'histoire. Il s'occupa de la morale & de la politique. Il ne négligea pas les lettres. Il écrivit quelques comédies qui ne sont pas sans mérite. On prétend qu'il apprit à regner à César Borgia. Ce qu'il y a de certain, c'est que la puissance despotique de la maison des Médicis lui fut odieuse, & que cette haine, qu'il étoit si bien dans ses principes de dissimuler, l'exposa à de longues & cruelles persécutions. On le soupçonna d'être entré dans la conjuration de Soderini. Il fut pris & mis en prison; mais le courage avec lequel il resista aux tourmens de la question qu'il subit, lui sauva la vie. Les Médicis qui ne purent le perdre dans cette occasion, le protégerent, & l'engagerent par leurs bienfaits à écrire l'histoire. Il le fit; l'expérience du passé ne le rendit pas plus circonspect. Il trempa encore dans le projet que quelques citoyens formerent d'assassiner le cardinal Jules de Médicis, qui fut dans la suite élevé au souverain pontificat sous le nom de Clément VII. On ne put lui opposer que les éloges continuels qu'il avoit fait de Brutus & Cassius. S'il n'y en avoit pas assez pour le condamner à mort, il y en avoit autant & plus qu'il n'en falloit pour le châtier par la perte de ses pensions: ce qui lui arriva. Ce nouvel échec le précipita dans la misere, qu'il supporta pendant quelque tems. Il mourut à l'âge de 48 ans, l'an 1527, d'un médicament qu'il s'administra lui même comme un préservatif contre la maladie. Il laissa un fils appellé Luc Machiavel. Ses derniers discours, s'il est permis d'y ajoûter foi, furent de la derniere impiété. Il disoit qu'il aimoit mieux être dans l'enfer avec Socrate, Alcibiade, César, Pompée, & les autres grands hommes de l'antiquité, que dans le ciel avec les fondateurs du christianisme.
Nous avons de lui huit livres de l'histoire de Florence, sept livres de l'art de la guerre, quatre de la répuplique, trois de discours sur Tite - Live, la vie de Castruccio, deux comédies, & les traités du prince & du sénateur.
Il y a peu d'ouvrages qui ait fait autant de bruit que le traité du prince: c'est - là qu'il enseigne aux souverains à fouler aux piés la religion, les regles de la justice, la sainteté des pacts & tout ce qu'il y a de sacré, lorsque l'intérêt l'exigera. On pourroit intituler le quinzieme & le vingt - cinquieme chapitres, des circonstances où il convient au prince d'être un scélérat.
Comment expliquer qu'un des plus ardens défenseurs de la monarchie soit devenu tout - à - coup un infâme apologiste de la tyrannie? le voici. Au reste, je n'expose ici mon sentiment que comme une idée qui n'est pas tout - à - fait destituée de vraissemblance. Lorsque Machiavel écrivit son traité du prince, c'est comme s'il eût dit à ses concitoyens, lisez bien cet ouvrage. Si vous acceptez jamais un maître, il sera tel que je vous le peins: voilà la bête féroce à laquelle vous vous abandonnerez. Ainsi ce fut la faute de ses contemporains, s'ils méconnurent son but: ils prirent une satyre pour un éloge. Bacon le chancelier ne s'y est pas trompé, lui, lorsqu'il a dit: cet homme n'apprend rien aux tyrans. ils ne savent que trop bien ce qu'ils ont à faire, mais il instruit les peuples de ce qu'ils ont à redouter. Est quod gratias agamus Machiavello & hujus modi scriptoribus, qui apertè & indissimulanter proferunt quod homines facere soleant, non quod debeant. Quoi qu'il en soit, on ne peut guère douter qu'au moins Machiavel n'ait pressenti que tôt ou tard il s'éleveroit un cri général contre son ouvrage, & que ses adversaires ne réussiroient jamais à démontrer que son prince n'étoit pas une image fidele de la plûpart de ceux qui ont commandé aux hommes avec le plus d'éclat.
J'ai oui dire qu'un philosophe interrogé par un grand prince sur une réfutation qu'il venoit de publier du machiavelisme, lui avoit répondu: « sire, je pense que la premiere leçon que Machiavel eût donné à son disciple, c'eût été de réfuter son ouvrage ».